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Александр Пушкин «Элегия» на французском языке

Профиль Пушкина, рисунок
Александр Пушкин. Элегия

Элегия

Безумных лет угасшее веселье
Мне тяжело, как смутное похмелье.
Но, как вино — печаль минувших дней
В моей душе чем старе, тем сильней.
Мой путь уныл. Сулит мне труд и горе
Грядущего волнуемое море.

Но не хочу, о други, умирать;
Я жить хочу, чтоб мыслить и страдать;
И ведаю, мне будут наслажденья
Меж горестей, забот и треволненья:
Порой опять гармонией упьюсь,
Над вымыслом слезами обольюсь,
И может быть — на мой закат печальный
Блеснет любовь улыбкою прощальной.
1830

А. С. Пушкин (1799-1837)

Élégie

Les vains plaisirs de ma folle jeunesse
Me pèsent comme un lendemain d’ivresse,
Tandis que le chagrin des jours enfuis
Devient plus fort comme un vin qui vieillit.
La mer de l’avenir qui se déchaîne
Ne me promet que durs travaux et peines.

Pourtant, amis, je ne veux pas mourir ;
Mais vivre pour penser et pour souffrir.
Je sais : parmi les maux de l’existence
Il y aura pour moi des jouissances :
D’harmonieux accents me griseront,
Je pleurerai sur quelques fictions ;
Peut-être que l’amour daignera luire
Et m’éclairer de son dernier sourire.

Alexandre Pouchkine
Traduction de Cyrilla Falk

Élégie

La bruyante folie de ma jeunesse
Me pèse comme un lendemain d’ivresse.
Et comme fait le vin, plus le remords
Vieillit au fond du cœur, plus il est fort.
Ma route est sombre. Les années futures
Ne m’annoncent qu’épreuves et tortures.

Et cependant, je ne veux pas mourir,
Non, je veux vivre, et penser, et souffrir ;
Et, je le sais, j’aurai d’autres jouissances
Dans les soucis, l’angoisse et les errances :
Je connaîtrai des rêves d’harmonie,
Des larmes devant l’œuvre du génie
Et je verrai l’amour — peut-être — luire
Sur mon déclin de son dernier sourire.

Alexandre Pouchkine
Traduction de André Markowicz

Élégie

La défunte gaieté des années de folie
me pèse au cœur comme un vin mal cuvé.
Mais, tel le vin, les chagrins d’autrefois
en vieillissant sont en moi plus puissants.
Morne voie que la mienne.
Je ne vois que labeurs et malheurs
sur les eaux troubles de l’avenir.

Et pourtant, mes amis, je ne veux pas mourir.
Je veux vivre. Et penser, et souffrir;
je le sais bien, des jouissances viendront
se mêler aux émois, aux chagrins, aux soucis,
des sons harmonieux reviendront me griser,
un poème entrevu m’arrachera des larmes ;
et peut-être qu’au temps douloureux de l’adieu
l’amour fera sur moi rayonner son sourire.

Alexandre Pouchkine
Traduction de Louis Martinez

Élégie

La défunte gaieté d’années insensées
pèse sur moi comme un vin mal cuvé.
Mais comme le vin, la tristesse de jours passés
croît en mon âme à mesure des années.
Triste vie ! De la mer houleuse du futur
ne m’attend plus guère que peines et labeurs.

Pourtant non, je ne veux pas mourir !
Mais je veux vivre et penser et souffrir
et même trouver certaine jouissance
aux soucis, aux peines et adversités
— il m’arrive d’en tirer des larmes —
et une certaine harmonie de mon cru.
Et qui sait si l’heure crépusculaire
ne m’enverra, de l’amour, un dernier sourire ?

Alexandre Pouchkine
Traduction de Christiane Pighetti

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