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А. Пушкин «Анчар» / A. Pouchkine «L’Antchar»

Пушкин - Анчар

Стихотворение Александра Сергеевича Пушкина «Анчар» на русском языке и в трёх переводах на французском языке.

Анчар*

В пустыне чахлой и скупой,
На почве, зноем раскаленной,
Анчар, как грозный часовой,
Стоит — один во всей вселенной.

Природа жаждущих степей
Его в день гнева породила,
И зелень мертвую ветвей
И корни ядом напоила.

Яд каплет сквозь его кору,
К полудню растопясь от зною,
И застывает ввечеру
Густой прозрачною смолою.

К нему и птица не летит,
И тигр нейдет: лишь вихорь черный
На древо смерти набежит —
И мчится прочь, уже тлетворный.

И если туча оросит,
Блуждая, лист его дремучий,
С его ветвей, уж ядовит,
Стекает дождь в песок горючий.

Но человека человек
Послал к анчару властным взглядом,
И тот послушно в путь потек
И к утру возвратился с ядом.

Принес он смертную смолу
Да ветвь с увядшими листами,
И пот по бледному челу
Струился хладными ручьями;

Принес — и ослабел и лег
Под сводом шалаша на лыки,
И умер бедный раб у ног
Непобедимого владыки.

А царь тем ядом напитал
Свои послушливые стрелы
И с ними гибель разослал
К соседям в чуждые пределы.

Александр Пушкин (1799-1837)
* Древо яда (Примечание Пушкина)

L’Antchar

Dans un désert avare et stérile,
Sur un sol calciné par le soleil,
L’antchar, tel une vedette menaçante,
Se dresse unique dans la création.

La nature, dans ces plaines altérées,
Le planta au jour de sa colère,
Abreuvant de poison ses racines
Et la pâle verdure de ses rameaux.

Le poison filtre à travers son écorce,
En gouttes fondues par l’ardeur du midi ;
Le soir, il se fige en gomme
Epaisse et transparente.

L’oiseau se détourne à son aspect,
Le tigre l’évite ;
Un souffle de vent courbe son feuillage;
Le vent passe, il est empesté.

Une ondée arrose un instant
Ses feuilles endormies,
Et de ses branches tombe
Une pluie mortelle sur le sol brûlant.

Mais un homme a fait un signe,
Un homme obéit ; on l’envoie à l’antchar,
Il part sans hésiter,
Et le lendemain il rapporte le poison.

Il rapporte la gomme mortelle,
Des rameaux et des feuilles fanées,
Et de son front pâle,
La sueur découle en ruisseaux glacés.

Il l’apporte, chancelle,
Tombe sur les nattes de la tente,
Et le misérable esclave expire
Aux pieds de son prince invincible.

Et le prince, de ce poison,
Abreuve ses flèches obéissantes.
Elles vont porter la destruction
A ses voisins, sur la frontière.

Alexandre Pouchkine
Traduction Prosper Mérimée

L’Antchar

Au désert calciné, sur le sol qui se ride
En rêches ornières de char,
Ainsi qu’une vigie effrayante, l’Antchar,
Seul, se dresse en l’azur torride.

La steppe l’enfanta dans un bris de tison
Un jour de colère assassine,
Et, des feuillages morts du faite à la racine,
Il est tout imbu de poison.

L’ardent poison qui suinte à travers son écorce,
Fondu par l’air de flamme et d’or,
Le soir, résine épaisse et diaphane encor,
Se fige en stalactite torse.

L’oiseau ne vole pas vers lui, se mêle au ciel !
Et l’effroi du tigre l’évite;
Seul, l’ouragan se rue à l’arbre, passe vite
Et s’enfuit, pestilentiel.

Si la nuée au gré des souffles promenée
Mouilla le branchage endormi,
L’eau, du bout des rameaux, goutte à goutte, parmi
Le sable, tombe, empoisonnée.

Mais un homme par un autre homme d’ici-bas,
Un jour, fut envoyé vers l’arbre;
Docile, il franchit steppe et bois et rocs de marbre,
Et revint, chargé de trépas.

La résine, il l’apporte entre ses deux mains roides.
Il apporte un rameau flétri,
Et la sueur, de tout son cœur endolori,
Perle et ruisselle en gouttes froides.

Il dit : « Voici… » frissonne, et comme sous un heurt
Fléchit, la gorge haletante,
Et sur la natte d’or de la royale tente
Tombe aux pieds de son maître, et meurt.

Le prince alors a pris quelques flèches légères,
Il les trempe au poison qui mord,
Et, bandant l’arc, envoie avec elles la mort
Aux proches races étrangères.

Alexandre Pouchkine
Traduction Catulle MENDÈS

Antschar

Du sol brûlé, chauffé à blanc,
En un désert stérile, aride,
Antschar se dresse, menaçant,
Tout seul, garde d’un monde vide.

La nature le procréa
Un jour de soif et de revanche
Et d’un poison mortel trempa
La racine et le vert des branches.

Aux feux du midi, ce poison
Fond et de l’écorce suinte;
Mais le soir le gèle en goudron,
Comme sève de térébinthe.

L’oiseau craint de voler vers lui.
Le tigre le fuit. La rafale
Noire court vers l’arbre maudit
Et s’en sauve en sinistre hâle.

D’aventure un nuage errant
Mouille-t-il l’inerte feuillage,
Des branches, vers le sable ardent,
Coule un funeste marécage.

Un homme envoya vers l’Antschar
D’un signe impérieux, un homme.
Celui-ci s’en fut sans retard
Ravir la maléfique gomme,

Rapporta le mortel goudron;
Sur la ramée aux feuilles roides
La sueur de son blême front
S’égouttait en rigoles froides.

Puis, il s’affaiblit, se coucha
Au couvert d’une hutte mince…
Et, pauvre esclave, il trépassa
Aux pieds de l’invincible prince

Qui, sur le champ, de ce poison
Imbiba ses flèches dociles
Et lança la destruction
Jusqu’à la plus distante ville.

Alexandre Pouchkine
Traduction André Piot

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