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Владимир Высоцкий «Баллада о любви» на французском языке

Скрипичный ключ

Баллада о любви

Когда вода всемирного потопа
Вернулась вновь в границы берегов,
Из пены уходящего потока
На берег тихо выбралась любовь
И растворилась в воздухе до срока,
А срока было сорок сороков.

И чудаки — еще такие есть —
Вдыхают полной грудью эту смесь.
И ни наград не ждут, ни наказанья,
И, думая, что дышат просто так,
Они внезапно попадают в такт
Такого же неровного дыханья…

Только чувству, словно кораблю,
Долго оставаться на плаву,
Прежде чем узнать, что «я люблю», —
То же, что дышу, или живу!

И вдоволь будет странствий и скитаний,
Страна Любви — великая страна!
И с рыцарей своих для испытаний
Всё строже станет спрашивать она.
Потребует разлук и расстояний,
Лишит покоя, отдыха и сна…

Но вспять безумцев не поворотить,
Они уже согласны заплатить.
Любой ценой — и жизнью бы рискнули,
Чтобы не дать порвать, чтоб сохранить
Волшебную невидимую нить,
Которую меж ними протянули…

Свежий ветер избранных пьянил,
С ног сбивал, из мертвых воскрешал,
Потому что, если не любил,
Значит, и не жил, и не дышал!

Но многих захлебнувшихся любовью —
Не докричишься, сколько ни зови…
Им счет ведут молва и пустословье,
Но этот счет замешан на крови.
А мы поставим свечи в изголовье
Погибшим от невиданной любви…

Их голосам дано сливаться в такт,
И душам их дано бродить в цветах.
И вечностью дышать в одно дыханье,
И встретиться со вздохом на устах
На хрупких переправах и мостах,
На узких перекрестках мирозданья…

Я поля влюбленным постелю,
Пусть поют во сне и наяву!
Я дышу — и значит, я люблю!
Я люблю — и, значит, я живу!

Владимир Высоцкий (1938-1980)

Ballade de l’amour

Quand, dans les limites de leur lit, sont revenus
Tous les flots du Déluge Universel,
Hors de l’écume abandonnée par la crue,
L’amour vint sans bruit sur la rive nouvelle,
S’évapora avant le temps, sans retenue,
Mais, ces temps, il y en avait une kyrielle.

Il reste encore des excentriques hors canon
Qui inhalent ce mélange à pleins poumons.
Us n’en attendent ni blâme ni décoration,
Pensant respirer comme ça tout bonnement.
Soudain, ils tombent en eurythmie, haletant
Du même souffle irrégulier, à l’unisson.

Je ferai un nid pour ceux qui s’aiment:
Qu’il chantent à minuit, à midi!
«Je respire» signifie que j’aime!
Et «j’aime» signifie que je vis!

Que de traversées à venir, de cheminements,
Le pays de l’amour est une vaste contrée.
Pour mettre à l’épreuve ses chevaliers servants,
L’amour exigera avec plus de fermeté,
Demandera rupture et éloignement,
Les privera de repos, de sommeil et de paix.

Jamais ces insensés ne feront marche arrière!
Ils sont prêts, là à payer le prix cher,
N’importe quel prix, même à risquer leur vie,
Pour que ne se rompe pas, pour le conserver,
Le fil magique, invisible, inouï
Que les amants ont entre eux déroulé.

Pendant longtemps, semblable au voilier
Sur la mer, le coeur devra flotter
Avant de savoir combien «aimer»
C’est «respirer» ou bien «exister».

Beaucoup ceux d’amour se sont enivrés,
Ne répondront pas à l’appel de tes cris.
Propos et billevesées leur ont fait payer
Une note dont le sang est le prix,
En nous plaçons des chandelles au chevet
De ceux qui sont morts d’un amour inouï.

Parmi les fleurs, leurs âmes vont errer, vagabondes,
Et leurs voix à l’unisson se fondre
Pour toujours respirer d’une même respiration,
Se rencontrer, en soupirant d’amour,
Sur les fragiles passerelles, les carrefours,
À la croisée des chemins de la création.

Le frais zéphyr enivre les élus,
Les ressuscite, leur fait perdre pied,
Car il n’a ni respiré, ni vécu,
Celui qui n’a jamais aimé.

Vladimir Vysotsky
Traduction © Michel & Robert Bedin

Ballade de l’amour

Lorsque au terme du Deluge les eaux
Retournerent dans leurs rives anciennes,
L’Amour sortit de l’ecume du flot
En retraite, marcha sur le sol ferme,
Puis il s’evanouit dans l’air bien plus tot
Que la fin des quarante quarantaines…

Et les originaux — car il en reste —
Aspirent ce melange avec ivresse,
Sans en attendre du bien ou du mal.
Et quand ils croient respirer simplement,
Voici qu’ils se retrouvent brusquement
Au rythme d’un autre souffle inegal.

Comme un bateau, le sentiment meme
Devra voguer des jours et des nuits
Avant de bien comprendre que «j’aime»
Signifie «je respire» et «je vis».

Il va falloir errer, vagabonder,
Car immense est le pays de l’Amour.
Et il impose à tous ses chevaliers
Des epreuves plus rudes chaque jour:
A la separation condamnes,
De paix, de sommeil prives sans retour.

Mais plus rien ne pourrait les arreter,
Ces insenses qui sont prets à payer
N’importe quel prix — meme de leur vie —
Afin que ne se brise pas le fil,
Le fil magique et pourtant si fragile
Qui depuis l’origine les relie.

Le vent frais enivre les elus,
Renverse ou peut les ressusciter.
D ne vit pas, ne respire plus,
Celui qui n’a jamais su aimer!

Mais beaucoup de ceux que l’amour submerge
N’entendront plus nos appels et nos cris.
C’est la rumeur qui compte leur cortege,
Et dans ce compte il y a du sang aussi.
Quant à nous, allumons pour eux des cierges,
Pour eux qui sont morts d’un amour inoui’.

Et leurs voix vont se meler en douceur,
Et leurs ames flaner parmi les fleurs,
Humant l’eternite à l’unisson
Et se rencontrant avec un soupir
Sur les freles ponts, aux gues ou franchir
Les carrefours etroits de la Creation.

Aux amants je ferai un lit des plaines
Pour chanter eveilles, endormis…
Je respire et par consequent j’aime!
Oui, j’aime et par consequent je vis!

Vladimir Vysotsky

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