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Николай Некрасов «Зелёный шум» на французском языке

Осины у реки - Художник Геннадий Кириченко

Зелёный шум

Идет-гудет Зеленый Шум,
Зеленый Шум, весенний шум!

Играючи, расходится
Вдруг ветер верховой:
Качнет кусты ольховые,
Подымет пыль цветочную,
Как облако,- всё зелено:
И воздух, и вода!

Идет-гудет Зеленый Шум,
Зеленый Шум, весенний шум!

Скромна моя хозяюшка
Наталья Патрикеевна,
Водой не замутит!
Да с ней беда случилася,
Как лето жил я в Питере…
Сама сказала, глупая,
Типун ей на язык!

В избе сам-друг с обманщицей
Зима нас заперла,
В мои глаза суровые
Глядит — молчит жена.
Молчу… а дума лютая
Покоя не дает:
Убить… так жаль сердечную!
Стерпеть — так силы нет!
А тут зима косматая
Ревет и день и ночь:
«Убей, убей изменницу!
Злодея изведи!
Не то весь век промаешься,
Ни днем, ни долгой ноченькой
Покоя не найдешь.
В глаза твои бесстыжие
Соседи наплюют!..»
Под песню-вьюгу зимнюю
Окрепла дума лютая —
Припас я вострый нож…
Да вдруг весна подкралася…

Идет-гудет Зеленый Шум,
Зеленый Шум, весенний шум!

Как молоком облитые,
Стоят сады вишневые,
Тихохонько шумят;
Пригреты теплым солнышком,
Шумят повеселелые
Сосновые леса;
А рядом новой зеленью
Лепечут песню новую
И липа бледнолистая,
И белая березонька
С зеленою косой!
Шумит тростинка малая,
Шумит высокий клен…
Шумят они по-новому,
По-новому, весеннему…

Идет-гудет Зеленый Шум,
Зеленый Шум, весенний шум!

Слабеет дума лютая,
Нож валится из рук,
И всё мне песня слышится
Одна — в лесу, в лугу:
«Люби, покуда любится,
Терпи, покуда терпится,
Прощай, пока прощается,
И — бог тебе судья!»

Николай Некрасов (1821-1878)

Bruit vert

Le bruit vert, il avance et résonne,
Le bruit vert, le bruit du printemps.

Un coup de vent dans les cimes
Disperse ses jeux.
Il secoue les branchages des aulnes
Et soulève la poussière des fleurs
Comme un nuage : tout est vert.
Et l’air, et les eaux.

Le bruit vert, il avance et résonne,
Le bruit vert, le bruit du printemps.

Ma maîtresse est si docile,
Nathalie, fille de Patrice,
Qu’elle ne se permettrait pas de troubler mon breuvage.
Mais un malheur lui est arrivé,
L’été, à la capitale, quand j’y étais.
L’imbécile me l’a dit en personne.
Puisse-t-elle mourir de soif !
L’hiver nous a tous deux enfermés,
La fourbe et moi.
La femme se tait, elle regarde
Dans mes yeux austères.
Je me tais, mais croyez-vous que vous laisse
En paix la pensée féroce ?
La tuer… mais j’ai pitié des braves filles.
Et supporter ?… La force me manque !

Et c’est encore l’hiver chevelu
Qui hurle le jour et jure la nuit.
« Tue-la ! Tue-la, cette perfide,
Ou bien que crève le malfaiteur !
Sinon, la vie entière tu languiras.
Sinon le jour, sinon la nuit,
Point de repos ;
Et, dans tes yeux impudents,
Les voisins cracheront ! »

Le chant des tourbillons de l’hiver
Rassure ma pensée féroce.
Je me suis pourvu d’un couteau bien tranchant,
Mais voilà que d’un coup furtivement s’est approché le printemps.

Le bruit vert, il avance et résonne,
Le bruit vert du printemps.

Arrosées de lait,
Les cerisaies se dressent
En bruissant tout bas,
Et, dans leur joie retrouvée,
Bruissent les forêts de pins
Qu’attiédit le soleil brûlant.
Et tout près, dans la verdure nouvelle,
Qui donc balbutie la nouvelle chanson ?

Le tilleul au pâle feuillage,
Et le bouleau blanc,
Et sa tresse toute verte !
Le petit roseau bruit,
Et le si grand érable,
Tous ils bruissent d’une façon très nouvelle,
Nouvelle et printanière.

Le bruit vert, il avarice et résonne,
Le bruit vert du printemps.

Ma pensée féroce a faibli
Et le couteau tombe de mes mains.
J’entends toujours la même chanson
Dans la forêt comme dans les prés.
« Aime aussi longtemps que peut durer l’amour,
Supporte autant que c’est supportable,
Pardonne autant que c’est pardonnable,
Et que Dieu soit ton juge ! »

Nicolas Nekrassov
Recueilli dans Anthologie de la poésie russe du XVIIIe siècle à nos jours, par Jacques Robert et Emmanuel Rais, Bordas, 1947.

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