Site icon Tania-Soleil Journal

Белла Ахмадулина «Грузинских женщин имена» на французском языке

красивая девочка с косичками

Стихотворение Беллы Ахмадулиной (1937-2010) на русском языке и в двух переводах на французский язык.

Грузинских женщин имена

Там в море паруса плутали,
и, непричастные жаре,
медлительно цвели платаны
и осыпались в ноябре.

И лавочка в старинном парке
бела вставала и нема,
и смутно виноградом пахли
грузинских женщин имена.

Они переходили в лепет,
который к морю выбегал
и выплывал, как черный лебедь,
и странно шею выгибал.

Смеялась женщина Ламара,
бежала по камням к воде,
и каблучки по ним ломала,
и губы красила в вине.

И мокли волосы Медеи,
вплетаясь утром в водопад,
и капли сохли, и мелели,
и загорались невпопад.

И, заглушая олеандры,
собравши все в одном цветке,
витало имя Ариадны
и растворялось вдалеке.

Едва опершийся на сваи,
там приникал к воде причал.
«Цисана!» — из окошка звали.
«Натэла!» — голос отвечал…

Белла Ахмадулина (1937-2010)

Les noms des femmes géorgiennes

En mer les voiles s’égaraient ;
comme étrangers à la chaleur,
les platanes fleurissaient lentement
et perdaient leur feuilles en novembre.

Le petit banc dans le vieux parc
se dressait tout blanc et muet,
et les noms des femmes géorgiennes
avaient comme un parfum de raisin.

Ils se muaient en babil
qui courait vers la mer
et surnageait, noir tel un cygne,
courbant le cou étrangement.

La femme Lamara riait,
bondissait vers l’eau de pierre en pierre,
elle y brisait ses talons
et le vin colorait ses lèvres.

Et les cheveux mouillés de Médée
se tressaient de cascade au matin,
et les gouttes taries séchaient,
s’illuminant à contre-courant.

Et plus fort que les oléandres,
en une fleur unique concentré,
voletait le nom d’Ariane
et se dissipait au lointain.

Effleurant à peine ses pilotis,
l’embarcadère venait toucher les flots.
« Tsissana ! » un appel à la fenêtre.
« Natela ! » répondait une voix.

Bella Akhmadoulina
Traduit par Christine Zeytounian-Beloüs

Les noms des femmes géorgiennes

Sur la mer passent les voiles
et les platanes fuient la chaleur
de leur lente floraison
que l’automne effeuille.

Un kiosque blanc et muet dort
au milieu du parc solitaire
et les noms des femmes géorgiennes
exhalent l’odeur confuse de la vigne.

Ils se changent en un murmure
qui s’envole sur les flots,
nage comme un cygne noir
et penche étrangement le cou.

Lamara s’enfuit en riant
à travers les rochers du rivage…
ses talons se brisent, elle peint
ses lèvres dans le vin.

Médée trempe ses cheveux
entrelacés aux cascades du matin.
Égarées dans les sables
les gouttes d’eau s’enflamment.

Étouffant les lauriers-roses
pour composer une fleur unique
le nom d’Ariane s’envole
et s’efface dans le lointain.

Adossé sur les pilotis
un quai surplombe l’eau.
D’une fenêtre on crie : « Tsesanna »,
Une voix répond : « Natefla » !

Bella Akhmadoulina
Traduir par Jean-Jacques Marie

Похожие публикации:

Exit mobile version